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Lavande et lavandin
Plante emblématique de la Provence, la lavande embaume le haut pays. Jusqu'à perte de vue, cette fleur magique tapisse de bleus des espaces infinis. La Provence terrienne et secrète de l'intérieur devient le "pays bleu" grâce à cette reine parfumée.
Un petit côté "fleur bleue"
Si la lavande et le lavandin présentent le même aspect et poussent sur les mêmes sols rocailleux et calcaires, les deux cultures ne doivent pas être confondues. Elles diffèrent par la forme des hampes florales et des feuilles, et ne recèlent pas les mêmes vertus aromatiques. Lavandin et lavande ont leur terrain de prédilection. Le lavandin préfère le plateau de Valensole où il est cultivé intensivement, alors que la lavande fine prédomine à l'intérieur du triangle mauve formé par les cantons de Banon, de Sault et de Séderon.
Côté visuel
source:http://www.culturelavande.org
Quatre fleurs pour une couleur
La lavande est généralement planté par semis, mais certains cultivateurs lui préfère le bouturage. Utilisé en parfumerie ou en pharmacie, elle rassemble trois variétés: la "lavandula stoecchas", ou lavande maritime, s'épanouit dans un sol non calcaire. Restée à l'état sauvage, elle n'a jamais été exploité. La "lavandula spica" ou lavande aspic, étire une longue hampe florale agrémentée de feuilles larges. Elle pousse sur des sols calcaires secs situés entre 200 et 500 mètres d'altitude. Enfin la "lavandula verra" ou "angostifolia" lavande vraie ou fine, reste la plus répandue. Avec ses hampes florales courtes, elle forme des touffes plus petites. Elle pousse à partir de 600 mètres d'altitude. Depuis 1981, elle bénéficie d'une appellation d'origine contrôlée, " huile essentielles de Hautes-Provence", réservée à des communes selectionnées pour la qualité de leur production. Quant au lavandin il s'agit d'un hybride entre la lavande et l'aspic. D'exploitation plus facile , il est planté par bouturage. Grâce à ses forts rendements et à sa facilité d'exploitation, le lavandin s'est développé massivement à partir de 1920. Les cosmétiques et les produits d'entretien en constituent les principaux débouchés. Quatre variétés de lavandin sont cultivées en Provence: le super, le grosso, le sumian et l'abrial.
lavandula angustifolia lavandula stoecchas lavandula spica Fleur de lessive
Native de la Perse et des îles Canaries la lavande apparaît en Provence dès l'antiquité. Son nom vient du latin lavare, laver, car les romains l'utilisaient pour parfumer l'eau de leur bain et leur linge. Au XIXème siècle, le défrichement des forêts provençales favorise le développement de la garrigue où pousse la lavande. Cueillie à l'état sauvage par les bergers elle devient une véritable manne au XXème siècle. Les surfaces réservées à la lavande augmentent exponentiellement entre 1920 et la seconde guerre mondiale. Les fleurs s'épanouissent en juin pour être cueillies en juillet ou en août. La coupe manuelle à la faucille a disparu dans les années 1950 au profit d'une coupe mécanique.
Le parfum de la Provence
Au Moyen Âge, la parfumerie est indissociable de la pharmacie. Employée dans la fabrication de cosmétiques, d'insecticides et de lessives, la lavande révèle également des vertus antiseptiques, antivenimeuses, sédatives et analgésiques. Les huiles essentielles de lavande sont extraites par distillation, technique déjà utilisée dans l'Egypte ancienne. L'alambic à feu nu ou à bain-marie, a cédé la place à des alambics à vapeur. Après le séchage, la lavande est tassée dans le vase de l'alambic où jaillit la vapeur créée dans une chaudière séparée. Par condensation, un mélange d'eau et d'essence se forme puis décante progressivement dans l'essencier. En 30 minutes, les distilleries industrielles produisent 15 kg d'essence de lavande ou 35 kg de lavandin, pour un vase de 6000 litres dans lequel on met une tonne de lavande. Les fleurs séchées parfument le linge et chassent les mites. La lavande produit également un excellent miel. Ainsi la spécialité culinaire de Sault, le nougat est agrémentée de miel de lavande. Bref, merveille d'orient, la lavande est devenue un trésor provençal célébré par de nombreux écrivains dont Jean Giono: "il suffit d'un bouquet de lavande pour qu'il soit parlé de ces libertés essentielles qui sont le charme de ces hautes terres".
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